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Les saisons se suivent et le logo se modernise au Club Dorothée. Il faut bien s'adapter !
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Evolution du temps d'antenne
La concurrence
LEGENDE : Les émissions ci-dessous sont celles du premier mercredi du mois d'octobre de chaque année. |
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Le
célèbre jeu de l'ABC, d'une originalité folle, consiste à
deviner lequel des trois héros va en recevoir
plein la face... Dérivé de l'innénarable Jacky Seau,
il obtient un grand succès auprès des téléspectateurs, peut-être
aussi parce qu'il est si facile d'y gagner. La première version
est une représentation d'une chasse d'eau : "une
provocation" selon Jean-Luc Azoulay. Puis le concept
sera décliné avec d'ingénieux changements : le jet d'eau, la
boule de neige, la tarte à la crème, voire l'auto-entartage !
Sans conteste le jeu phare du Club Dorothée.
Anecdote : Lors d'une de ses rares participations au
jeu de l'ABC, en 1990, Dorothée subit le terrible châtiment de
la chasse d'eau et fut tellement troublée qu'ensuite elle
glissa par terre en direct sur le plateau. Un
grand moment qui prouve que l'animatrice, apparemment pas du tout
vexée par cet événement 'live', ne se prenait pas au sérieux.
Voici en souvenir une version basique pour PC, sans prétention,
du jeu mythique.
Nous remercions Arfnaneuneu (alias Nicolas), le
concepteur, de nous avoir proposé ce petit logiciel sympathique
Et maintenant, quelques souvenirs en images...
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En dépit du côté hilarant du jeu de l'ABC, il fallait tout de même diversifier les jeux pendant les longues émissions du mercredi. Ainsi, des jeux un peu plus "élaborés" voire à tendance culturelles (mais oui !) ont fait leur apparition : citons l'astucieux Jacky Seau ou le célèbrissime Allô ? A l'huile pour n'en citer que les plus glorieux. Précisons également que les jeux du Club Dorothée avaient en commun une grande intéractivité, les enfants étant invités à jouer par tous les moyens disponibles à l'époque : le courrier, le téléphone et le minitel.
Peu après son avènement, le Club Dorothée instaure un système de défis : il s'agit de retrouver une personne cachée dans une ville de France, et de lui donner un mot de passe précis à une heure fixe. Les 50 premiers arrivés reçoivent alors des cadeaux. C'est le Trésor dans la ville.
Le concept est repris ensuite le mercredi matin. De septembre 1995 à décembre 1996, tandis que les filles restent au chaud au studio de la Plaine Saint-Denis pour lancer les programmes du "mercredi de folie", les Héros se rendent dans une ville de France pour organiser une série de défis réalisés par la population locale. A la fin de l'année, la ville vainqueur est celle qui a réussi le plus d'épreuves. Celles-ci consistent la plupart du temps à retrouver des vieilleries loufoques ou des curiosités, en échange de quoi les enfants reçoivent un valorisant diplôme de Héros dûment certifié.
D'autres opérations se déroulent en même temps :
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On pourra dire ce qu'on voudra de Do, elle aura tout de même sauvé la Terre plus d'une fois. En fait, ses missions sont orchestrées par Sahara, le dromadaire extra-terrestre parlant ami du Club Do. Celui-ci sera par la suite fiancé à la jolie princesse Estrella (une femme et un dromadaire... même le sujet tabou de la zoophilie n'a pas effrayé le Club Do !) et secondé par ses correspondants Antonin de Roquencourt, Blanchette de la Gateaudière ou Antoine de la Gévaudière. Toujours est-il que Dorothée ne rata aucune de ses missions face à Washi et Washa et les mystérieux hommes en noir du Brain, commandés par la maléfique Démonia (jouée par Ariane). |
Il y eut même quelques "extras" pour des vacances scolaires :
Au Club Dorothée, la période de Noël est tout aussi propice à des événements exceptionnels que les dépaysantes (et sportives) vacances d'été. Ni le froid, ni la neige n'ont pu empêcher Do et ses acolytes de nous servir leurs habituelles folies.
On se rappelle notamment de :
- l'horloge galactique bloquée, qui devait nous empêcher de
passer en 1991.
- la princesse Estrella plongée dans un profond sommeil et que
seul un baiser pouvait réveiller
- l'équipe de petits lutins capricieux qui envahissaient les écrans
de l'émission comme par enchantement
Noël correspond aussi à une période de "charity-business"
pour le Club. Durant plusieurs années consécutives, l'équipe
organise le Noël de l'amitié, une émission
spéciale dont le but principal est de collecter un maximum de
jouets pour les enfants défavorisés en faisant appel à la générosité
des fabriquants de jouets et des télespectateurs.
Le pactole est redistribué à différentes associations
caritatives compétentes dont les représentants sont pour la
circonstance invités sur le plateau de l'émission.
Par ailleurs, les jeunes télespectateurs peuvent laisser des
messages d'amitié aux enfants défavorisés par le biais du
minitel (les frais de connexion étant exceptionnellement reversés
aux associations).
Et qui vient lire à l'antenne quelques uns de ces touchants
messages ? Les stars AB évidemment !
A partir de 1993, le Noël de l'amitié est relayé
pendant l'année par l'émission dominicale Des millions de
copains.
A l'occasion de Noël, fête familiale par excellence,
AB Productions ne résiste pas à la tentation
de prouver que l'entreprise constitue elle aussi une
vraie famille. Ainsi, pour la fin de l'année
1992, en plein Hélène-mania, propose-t'elle
une "méga-sitcom" réunissant toutes les stars
des séries du moment : quatre sitcoms en une ! On retrouve réunis pour le réveillon les personnages de Salut les Musclés, Premiers baisers, Hélène et les garçons et du Miel et les abeilles, le lien de parenté étant le suivant : Les Musclés sont les oncles de Justine, elle-même soeur d'Hélène, et toutes deux cousines de Lola ! Impressionnante généalogie... L'épisode exceptionnel se termine par le repas où font irruption cinq invités que l'on ne s'attendait pas à voir : Dorothée, Ariane, Jacky, Patrick et Corbier, en tenue de circonstance naturellement ! |
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Fin 1991, TF1 confie aussi à notre idole le soin de présenter
la soirée du 24 décembre. A cette occasion, la divine nous
propose Le cadeau de Noël, un méga show sous forme de
comédie musicale (genre adulé par AB depuis les débuts
de Do) en compagnie des artistes AB ou de stars non-AB
mais néanmoins amies : Roch Voisine, Pierre Perret, Nana
Mouskouri, Benny B, Carlos, Dave, Jeanne Mas
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Do et les Benny B nous offrent une chorégraphie endiablée ! |
Do et Carlos : les deux amis ne
reculent décidément devant rien pour égayer la soirée... |
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Do et le séducteur number one de l'époque | Photo de famille pour la nouvelle décennie |
Succès oblige, l'expérience est renouvelée en 1992
avec le Cadeau de la rentrée et le Dorothée
rock n'roll show : Do est alors entourée des
habituelles vedettes maison, mais aussi des véritables pères
du rock américain (Jerry Lee Lewis, Chuck Berry, Cliff
Richard...) Toutefois, à partir de 1994, TF1 nous prive des émissions en prime-time présentées par Dorothée, signe de la prévisible mise en quarantaine de l'animatrice par les dirigeants de La Une. |
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Le Club Dorothée, émission pour jeunes, fut bien sûr pionnière en matière de musique : rock, rap et techno, mais surtout variété populaire. Toutes les plus grandes stars ont été sur les plateaux de La-Plaine-Saint-Denis.
Il y aussi des invités (très) récurrents :
Carlos,
qui est le parrain du Club Dorothée.
Grâce à cela, il pouvait venir pour chacune de ses nouvelles
chansons. Il a même participé à des aventures ! (La
couronne des Atlantes en 1993)
les Benny
B, le célèbre groupe de rap belge, omniprésent de
1990 à 1993.
Indra,
la star de la dance, super copine de Jacky.
De 1987 à 1993, des vedettes très diverses viennent se
produire au Club Do, généralement pour assurer la
promotion de leur dernier single comme dans n'importe quelle
autre émission de variété. Certaines acceptent même de
participer au très controversé Pas De Pitié Pour Les
Croissants...
Mais à partir de 1993, avec le succès des sitcoms et l'émergence
des "AB singers", l'émission du mercredi après-midi
devient une véritable base de relais promotionnelle pour lesdits
artistes. De fait, il devient rarissime de voir une vedette non-AB
sur le plateau de l'émission...
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Chantal Goya (1989) | Indra (1991) | Zouk Machine (1991) |
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Pierre Perret (1991) | Dany Brillant (1992) | Jerry Lee Lewis (1992) |
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Benny B (1992) | Ray Charles (1992) | David Hasseloff (1992) |
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Jeanne Mas (1993) | Carlos (1993) | MN8 (1995) |
Comble
de joie, vous pouvez retrouver la plupart de ces invités sur le
merveilleux site La Cyber-chaîne des stars oubliées.
Ces invités pouvaient éventuellement être récompensés annuellement par les Clubs d'Or du Club Dorothée : en effet, pour décorer les stars récurrentes invitées dans l'émission ou celles de la marque maison AB (Hélène, Les Musclés...), des trophées étaient remis au meilleur chanteur, à la meilleur chanteuse, au meilleur groupe, au meilleur dessin animé et à la meilleur série TV, suite à un vote des jeunes télespectateurs par voie de presse (Dorothée Magazine). Notez que pour éviter toute concurrence déloyale, Dorothée était hors-concours.
Il serait
toutefois excessif d'affirmer, comme le Canard Enchaîné
le fit dans son dossier Le combat des chaînes en
juillet 1994, que toutes les récompenses attribuées
lors de l'émission étaient manipulées par AB
Productions. Outre des disques d'or dûment certifiés,
Dorothée reçut ainsi en 1995 l'Ecran d'or
de la meilleure animatrice d'émission jeunesse décerné
par les lecteurs du magazine Télé-Loisirs. |
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La programmation jeunesse
Qu'on le veuille ou non, le Club Dorothée a fini par imposer des dessins animés pour adolescents et non plus pour "petits", et le phénomène manga qui a encore de grandes répercussions en cette fin de siècle, est en grande partie due à la programmation jeunesse de l'émission, parfois plus audacieuse et novatrice qu'on ne voulait nous le faire croire.
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Tout d'abord,
il faut se souvenir des conditions qui amènent Dorothée et ses amis
à tout miser sur les dessins animés japonais. A l'époque, TF1 a perdu
la première manche : en 1978, Goldorak
était diffusé sur A2 et les séries concurrentes de TF1 (La
Bataille des Planètes) avaient
moins bien marché. De 1978 à 1987,
Récré A2 est sans conteste l'émission
phare de la jeunesse. Toutefois, La Cinq débarque en 1986 et propose
dès 1987 une batterie de nouveaux dessins animés qui connaissent un
succès rapide : ![]() |
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Quand Dorothée arrive sur TF1, le Club commence par reprendre des succès confirmés (Candy, Goldorak, Jayce), mais dès 1988 innove avec des séries japonaises, bon marché et bonnes en audience : Le Collège Fou Fou Fou, Juliette je t'aime, Lamu et surtout les Chevaliers du Zodiaque, qui rapportent gros grâce aux nombreux et chers produits dérivés qu'ils génèrent. La série tournant en rond après deux ans, c'est Dragon Ball puis Dragon Ball Z qui prennent la relève avec encore plus de succès. C'est la "folie manga". |
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Mais ces séries japonaises ne sont pas vues d'un bon œil par la presse et les associations de parents d'élèves qui leur reprochent leur violence. Ken le survivant, qui ne raconte que meurtres et sévices corporels, fait porter l'affaire au CSA. La série est déprogrammée. Peu de temps après, TF1 doit faire ses excuses avant le 20H00 suite à une scène jugée trop violente dans Dragon Ball Z. Le discrédit est porté sur l'ensemble de la production nippone, dès lors critiquée avec virulence, et l'on ne voit guère que Ranma 1/2 ou Nicky Larson de neuf. |
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En revanche, on
loue les gentilles petites séries aseptisées
pour enfants : Babar, Les petits malins,
Winnie l'ourson, Mimi Cracra, etc... Ces séries,
européennes pour la plupart, sont destinées à
un public très jeune (0-6 ans) et reçoivent
naturellement un très bon accueil. La presse,
dont Télérama,
se déchaîne par contre envers les séries pour
adolescents du Club : c'est bien connu,
les ados ne regardent pas les dessins animés. Longtemps chasse gardée de France 3, ce créneau fait l'objet des convoitises de TF1 depuis l'arrêt du Club. |
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Les critiques
du CSA entraînent alors une baisse du nombre de
séries nipponnes diffusées (le Club n'en
diffuse plus aucune le mercredi après-midi après
1992) et la multiplication de nombreuses censures
dans les épisodes, nuisant parfois gravement à
la cohérence des séries. Par ailleurs, les
dessins animés sont remplacées par d'innocents
sitcoms AB Productions, dont la bêtise
lénifiante est aussi grande que leur multitude d'épisodes
: Hélène et les Garçons qui se
poursuit dans Le miracle de l'Amour puis
Les Vacances de l'Amour (encore là en
1999), Premiers baisers puis Les Années
Fac, Salut les Musclés, Les
Filles d'à côté, Le Miel et les Abeilles, La
Philo selon Philippe, L'Ecole des passions etc... Parallèlement à cela, un vrai marché parallèle se développe : les fans d'animation commencent à s'organiser, à faire des conventions... Un commerce va naître. |
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Le retour est
plus prudent sur le petit écran : le Club
Dorothée sort encore Sailormoon,
mais ses autres séries comme Un garçon
formidable ou Petites Bonnes Femmes
ne sont pas des réussites. Durant tout ce temps,
Dragon Ball Z est diffusée alors que c'est
la bête noire des médias. Dans un premier temps,
les enjeux économiques que la série génère
sont tels qu'ils dépassent largement le cadre de
l'émission. Toutefois, le CSA obtient finalement
gain de cause grâce à la signalétique anti-violence
d'Hervé Bourges (allergique aux mangas) en 1996
: Dragon Ball Z est supprimé. Puis, le Club
disparaît en 1997 et TF1 abandonne les séries
japonaises... Il faut en fait regarder la chaîne cryptée Canal + pour pouvoir découvrir des nouveautés : en 1998, elle programme la série culte Evangélion et consacre une émission mensuelle sur les mangas : Manga Manga (qui ne dure qu'un an...). ![]() |
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En définitive, le Club
Dorothée aura payé cher ses maladresses de
programmations (Nicky Larson est diffusé
tard le soir au Japon), mais aura contribué à l'introduction
et à l'essor de nombreuses œuvres
japonaises de qualité, qui étaient pour la
plupart complétement inconnues en Europe. Pour
cela déjà, on lui doit beaucoup. Hélas, des films comme Le Tombeau des Lucioles, Ghost in the shell ou Perfect Blue "rament" dans les cinémas français, souffrant encore des conséquences des attaques acides qui ont progressivement discrédité l'animation japonaise. Récemment, le superbe Jin Roh a lui aussi fait un flop stupéfiant... Début 2000, l'animation japonaise est de nouveau mise en vedette avec la déferlante Pokémon, nouvelle série fétiche des enfants et des ados programmée... sur TF1 ! Devant l'ampleur du succès (et les sommes colossales investies dans les multiples produits dérivés), les medias s'inclinent et tentent au contraire d'obtenir une part du "gâteau" en multipliant les articles sur le phénomène. Peu à peu, le manga devient un phénomène de société, touchant à présent les 15-35 ans ! Une foultitude de titres sont traduits du japonais, les séries cultes des années 80 sont éditées en coffret VHS ou DVD, dans la foulée des nouveautés sont également proposées... le marché devient juteux... Plus personne ou presque ne fait l'amalgame d'autrefois entre animation japonaise et japoniaiserie... la nostalgie aidant, on trouve même un charme fou aux dessins animés autrefois si décriés du Club Dorothée ! Le revirement hypocrite de certains medias n'est pas forcément du goût de tous, comme le prouve cet article très juste d'Animeland, en réponse à un dossier opportuniste de Télérama sur l'animation japonaise. ![]() |
source de l'historique : Hors-Série JAM n°2 (épuisé), Dossier L'Histoire sans fin ? (1994)
Les critiques
On ne le dira jamais assez : le Club Dorothée fut la cible de nombreuses attaques, parfois justifiées, quand elles soulignaient son enrobage "marketing AB", souvent injustifiées quand elles concernaient les dessins animés japonais, jugés trop violents, ou la présentation de l'émission, jugée abêtissante.
A l'époque...
Une
certaine presse élitiste, Télérama
en tête, a cassé pendant dix ans toutes les nouveautés mangas
de Dorothée, elle-même au centre de leurs agressions : "Faire
du Sabatier ou du Foucault pour enfants n'est pas une solution". Et
pourquoi les enfants n'auraient-ils pas droit à des variétés ciblées pour eux
? Il est vrai que Télérama rejette
régulièrement tout divertissement populaire, par pur intellectualisme. Or Dorothée
n'a jamais eu d'autre prétention que de réaliser ce style de divertissement
!
Selon eux, l'animatrice manipule les mioches. Fervents partisans
de la croisade anti-nippone, tout comme certaines
personnalités politiques de l'époque - Catherine Tasca, Ségolène
Royal... le clan des redresseurs de torts ! - , ils réduisent
systématiquement le dessin animé japonais à "d'inévitables
japoniaiseries sidérales" , à "une science-fiction
violente et cruelle" ou à de la "guimauve".
Le problème : ils comparent des programmes destinés à des
publics radicalement différents, s'extasiant par exemple devant
des "merveilles" comme Babar ou Petit Ours
Brun (!) qui ne s'adressent pas du tout à la même
tranche d'âge que les mangas. Les journalistes en
charge de ces dossiers brillent alors par leur incompétence
notoire, ou tout du moins leur frilosité intellectuelle devant
des séries qu'ils jugent non adaptées aux moeurs des citoyens
européens.
Pour l'hebdo télé et ses amis "intellectuels", l'animation
destinée aux ados de plus de 12 ans et aux jeunes adultes n'existe
pas : le dessin animé doit être réduit à un produit éducatif
et épanouissant pour les moins de 10 ans. Navrant... et
particulièrement grotesque de la part d'un journal censé avoir
l'esprit ouvert.
En
1999...
Curieusement,
deux ans après la disparition du Club Do, alors que l'animation
japonaise est maintenant reléguée sur quelques chaines du câble,
ils saluent hypocritement avec "nostalgie"
l'émission de France 3, Génération Albator, qui
rediffuse de vieux dessins animés japonais cultes autrefois décriés.
Plus fort encore, le retour, en 1999, de Nicky Larson sur
France 2 bénéficie d'un encart dans le journal, louant la série
(!) qui fut pourtant pour eux une cible de choix quelques années
auparavant, au temps du Club Dorothée.
Pourquoi un changement si brutal dans leur considération envers
les mangas ? L'explication n'est pas difficile à fournir
: Télérama s'est en fait servi du Club Dorothée
pour agresser indirectement TF1, l'ennemi télévisuel n°1,
symbole de l'existence de la télévision privée toute puissante
que la rédaction a toujours eu du mal à accepter, et avait
combattue avec acharnement dès 1986 quand la première chaîne généraliste
privée française, La Cinq, était apparue dans les foyers français.
Télérama a donc persécuté Dorothée de façon gratuite pendant des années. Avec la mort de la Cinq, la fin du Club Dorothée constitue une des plus grandes victoires morales du journal.
Les articles cassants
de Télérama
Ce fut en fait pendant dix ans une véritable cabale. Exemples choisis :
• Novembre 1988 / Télérama
n°2018 :
Télé
: piège à mômes : un article sur
"Goldorothée",
avec une photo truquée où l'on avait greffé la tête de Dorothée sur le corps
de Goldorak (quelle délicatesse...), dénonce son monopole et ses "japoniaiseries"...
On s'indigne de Marotte et Charlie
dans un encadré, à l'aide d'une interview d'enfant anti-Dorothée visiblement
manipulée par le journal, si ce n'est créée de toutes pièces.
• Janvier 1991 / Télérama
n°2141 :
A l'occasion du départ de la très suffisante
Jacqueline Joubert, Télérama revient sur la "trahison"
de Dorothée à l'encontre de sa "mère télévisuelle",
qui décidément, même 4 ans après, a la rancune particulièrement
tenace.
• Novembre 1991 / Télérama
n°2143 :
La fin des télégobeurs : une analyse
minutieuse des programmes jeunesse leur permet de dénoncer le
matraquage commercial constant développé par le Club.
Un encadré dénonce une blague soit-disant antisémite (Jacky,
qui depuis, officie sur une chaîne juive, doit encore en rire !)
des animateurs lors d'un sketch.
• Septembre 1993 / Télérama
n°2281 :
Vices privés,
Sévices publics : Au top de sa forme, Télérama dénonce
les tentatives de manipulation de Dorothée envers la jeunesse
française, casse Dragon Ball Z, présentée comme une série
ultra-violente et dangereuse, félicite l'ex-ministre Catherine
Trautman pour son comportement anti-animation nippone.
• Juin 1995 / Télescope n°104
:
Dorothée
business : La version pédagogique
de Télérama, destinée
aux enseignants, met
en lumière le "Dorothée Business",
insistant au passage de façon fort peu élégante sur l'âge de l'animatrice, et
incite les profs à la casser en classe.
• Septembre 1995 / Télérama
n°2384
Bons points et fausses notes : Alors que
la persécution du journal à l'encontre du Club entre
dans sa neuvième année, Télérama juge une fois de
plus que, pour la rentrée, TF1 demeure le "bonnet d'âne"
du PAF en matière de programmation jeunesse, comparant comme à
son habitude de façon injustifiée des programmes destinés aux
0-9 ans avec d'autres voués aux 10-15 ans. Il entretient au
passage le syndrome anti-nippon en proclamant Dragon Ball Z comme
le "dessin animé qui fait peur aux parents" .
Mais que fait la police ?
Dorothée, blasée, n'a pas souhaité répondre à leurs attaques,
comme ce fut généralement le cas.
• Avril 1997 / Télérama
n°2467 :
La fin du système Do : Orgasme
téléramesque ! Le journal se réjouit des pertes d'audience de Dorothée, "la
vieille copine des enfants" et annonce avec
satisfaction la fin prochaine de l'émission qui aura décidément
monopolisé les programmes jeunesse trop longtemps. Les
journalistes de l'hebdomadaire devraient quelque peu réviser
leurs notions d'économie : ils (ré)apprendraient qu'un
monopole est une structure de
marché comprenant un seul offreur et de multiples demandeurs,
ce qui n'était guère le cas avec le Club Dorothée, qui
bénéficiait juste de l'audience des jeunes téléspectateurs
sans constituer pour autant la seule offre de programmes jeunesse
sur le réseau hertzien !
Le journal en profite pour agresser directement Dorothée, la
"femme sandwich" qui, cette fois, a accepté
de les recevoir chez AB Productions. L'animatrice, qui
sait pertinemment que son émission ne passera pas l'été, est
mise devant le fait accompli. Tout ce qu'elle a entrepris durant
sa carrière ne correspond finalement à peu près qu'à un gros
tas de merde... Ce qu'il faut pour les jeunes, ce sont des dessins
animés aux "scénarios solides" et au "suspense
réel" comme Croc-Blanc, Oakie Doke
ou Jonny Quest, et non les "japoniaiseries
achetées au kilomètre par AB". Raisonnement asséné
une nouvelle fois par le journal...
• Août 1997 / Télérama
n°2484 :
La fin de la récré : Ultime coup de
poignard du journal, il fait un bilan satirique des dix ans de l'émission,
enfonçant une dernière fois l'animatrice sur son âge et,
comble de la finesse, sur son physique : "une sorte d'elfe
à fossettes avec une voix vinaigrée" (!). La lutte
est terminée : Dorothée a rendu son âme télévisuelle, les
"japoniaiseries" sont éjectées et TF1 crée TF!,
une nouvelle unité jeunesse dont les programmes rabaisse
nettement l'âge moyen de leurs télespectateurs... Les
ados achèteront leurs mangas
en K7 video !
![]() Dans une interview toujours disponible sur le site de TF1, la nouvelle directrice des programmes jeunesse, Dominique Poussier, habilement servie par des questions convenues, entreprend de démolir le système Do et les dessins animés japonais avec une agressivité et une ironie qui n'ont rien à envier à Télérama. Ainsi, cette charmante personne n'hésite pas à remettre en cause la santé mentale des adolescents appréciant les mangas, qualifiés de "fous furieux de japoniaiseries"... Quelle tolérance ! Il est tellement facile de descendre une catégorie de télespectateurs à laquelle les programmes jeunesse de La Une ne s'adressent plus ! Depuis, il semblerait que notre amie ait cédé aux sirènes japoniaises en programmant dans TF! Jeunesse le fameux Pokémon. Pitoyable revirement... Au fait, vous ne connaissez pas son dernier délire ? Dans le Télérama n°2622 (du 15 au 21 avril 2000), elle ose prétendre qu' "en aucun cas, la grille [ndlr : des programmes jeunesse de TF1] n'est guidée par des choix commerciaux" ! Il y a de quoi se rouler par terre devant une affirmation aussi mensongère ! |
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En définitive, on peut dire que TF1-La
Capitaliste et Télérama-l'Intello possèdent
tous les deux cette même volonté de nuire au genre manga
et de renier le succès qu'a remporté (et que remporte
toujours) l'animation japonaise auprès de plusieurs générations
d'ados. Aujourd'hui, ils ont certes infléchi leur
discours mais c'est par pure stratégie devant le succès
grandissant du genre. Quant à Dorothée et son équipe, ils étaient peut-être très lourds par moments mais constituaient pour le télespectateur un lien autrement plus humain que les animaux virtuels de Madame Poussier... |
![]() Dominique Poussier, symbole de la vertu retrouvée de TF1 depuis la fin du Club Dorothée |
Les réponses aux critiques
Dorothée et ses amis, agressés constamment par un déluge de protestations, ne se sont pas privés de répondre "artistiquement" à leurs détracteurs. En témoigne cette liste impressionnante de ripostes musicales réalisées par le mentor Jean-François Porry.
Les animateurs concurrents On
peut aujourd'hui affirmer, avec le recul, que le départ
de Dorothée de RécréA2 fut plus ou moins
motivé par le succès croissant d'une autre présentatrice
de l'émission : Marie Dauphin. Choisie en 1984 par
Jacqueline Joubert pour renouveler l'équipe, cette fraîche
et sympathique animatrice est immédiatement choisie pour
interpréter le nouveau générique de l'émission,
privilège jusqu'alors exclusivement réservé à Dorothée.
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La gentille Marie Dauphin a du succès, mais ses
disques ont un gros défaut : ils ne sont pas made by
AB ! Quand Dorothée migre sur La Une, l'équipe d'AB
contre-attaque : la seule star des enfants,
c'est Do, qu'on se le dise ! Dès lors,
le Club Dorothée utilise son antenne pour
agresser par voie de sketchs la pauvre Marie, qui tente
de faire survivre péniblement RécréA2 avec
Charlotte Kady. C'est l'époque de Pas de pitié pour
les croissants, et l'avènement de Marotte et
Charlie, deux personnages demeurés interprétés
par Patrick et Jacky, qui pastichent Charlotte et Marie. Une chanson particulièrement médiocre sort même en 45 tours en 1990 pour enfoncer le clou, alors que les deux animatrices ne sont plus à l'antenne. Vraiment pas sympa... |
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Les rivaux suivants furent Eric et Noëla sur A2 dans Eric et Compagnie. Profitant d'une chanson sur Noël en 1989, Le Père Noël des Musclés, classé n°10 du Top 50, Les Musclés réattaquent de plus belle : "Père Noël, Père Noël apporte nous dans ta grande hotte / [...] / le fouet, ce sera pour Eric et Noëla / Et surtout n'oublie pas plein du poupées pour les Musclés". Une attaque gratuite de plus... |
Les réponses aux critiques
1991
: Dorothée triomphe avec Les neiges de l'Himalaya, le Club
surfe toujours sur la vague du succès. Toutefois, Dorothée
est de plus en plus la cible d'attaques diverses dans les medias.
Sur l'album sorti à la fin de l'année, Azoulay-Porry et Gérard
Salesses glissent une "chanson-riposte", Tous les jours de bonheur, pour signifier clairement que Do ne
prête guère attention aux agressions régulières qu'elle subit
dans certains medias. Pourtant, à Bercy, en janvier 1992, Do
affirme devant son public, qu'il lui est "souvent
difficile d'entendre ou de lire ce que des gens pas très gentils
écrivent ou disent" d'elle. Ecoutez-la présenter
cette chanson à Bercy en 1993 [extrait
live] .
1993 : Antoine de Caunes pour sa
part, a droit à une marionnette style Guignols
qui est maltraitée durant l'émission. Les Musclés
sortent une chanson nommée fort intelligemment Antoine
Daicône. Dire que sa mère est Jacqueline Joubert, la "mère télévisuelle"
de Dorothée...qui a dû "légèrement" monter
son cher fils contre la chanteuse ! Famille, quand tu
nous tiens... Dans cette chanson, Jean-Luc Azoulay en profite pour révéler le pseudonyme artistique d'Antoine, Paul Persavon, qui signa de nombreux génériques de dessins animés pour Antenne 2 dans les années 80. |
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Et pourtant, tout avait si bien commencé : au début des années 80, Jacky et Antoine de Caunes travaillent ensemble sur l'émission musicale culte d'Antenne 2, Les Enfants du Rock. Dorothée officie encore dans Récré A2. C'était "l'avant-TF1" ! Le virage pris ensuite par Jacky (Vitamine, Club Dorothée...) n'a pas été vraiment du goût de son collègue ! | |
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1993 : sur l'album des Musclés, on peut trouver une chanson particulièrement agressive de Jean-Luc Azoulay, la valse des..., dont le texte est très explicite et fustige une certaine presse jugée trop intellectualisante et intolérante. Pour preuve le dernier couplet : "Les gens qui en savent plus / Parc' qu'ils ont Canal Plus / Ceux qui croient que Libé / Ne peut pas se tromper / Qui s' font leur cinéma / Avec Télérama / Ces gens là / Ces gens là sont des..." |
1995 : Alors que les attaques à l'encontre des dessins animés japonais persistent, Bernard Minet est choisi pour interpréter une "chanson-slogan" à la gloire des héros fétiches de l'émission Dragon Ball et Dragon Ball Z. |
La morale
La
conclusion de tout ceci fut donnée par Dorothée lors d'une
interview à Télé 7 Jours (1996) : "Les gens
qui s'attaquent à moi sont toujours punis".
Malheureusement, c'est plutôt TF1 qui, quelques mois plus tard,
a puni Do en lui retirant son titre de directrice des programmes
jeunesse et ses émissions.
Cadeau Plus : La
meilleure réponse que Dorothée donnait à tous ses détracteurs
: sa popularité, puisque "Les enfants
ne savent pas mentir".
Ainsi notre Do a-t'elle eu droit à son double de
cire au Musée Grévin !
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Updated : 21/09/2005 | Copyright © AMWEB : amweb_do@yahoo.fr |
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